Trail du Ventoux by Yana

Trail de Ventoux 2022 20ème édition, je m’en souviendrai de celle-là …

Inscrite depuis longtemps pour ma 5ème participation, car c’est un de mes trails préféré dans la région et en plus cette année le 20ème d’anniversaire, ça se fête ! En termes de préparation, ce n’est pas la folie, mais ça suit son cours. Pas de chance, à trois semaines de l’épreuve, je fais un vol plané en courant avec ma chienne. Rien de très grave, mais l’hématome de genou est important, compliqué pour marcher, alors pour courir … Une semaine passée, je reprends doucement, mais le genou est toujours très douloureux en descente, la semaine suivante c’est la même chose.

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Je songe à renoncer à mon Ventoux ou passer sur la distance inferieure, mais l’organisation ne répond pas, c’est trop tard. Bon tant pis, je vais prendre les bâtons et go, on verra bien. 

J’ai mes athlètes de AMC Aubagne sur deux distances, mes copains de Marseille Trail club aussi, je suis contente d’être de là, même si le moral des derniers jours est au plus bas. Je pense très fort à Ania, l’année passée nous y étions toutes les deux…

Le samedi tout le monde boucle le petit 27 devenu 30 avec 1700D+. Pour certains c’était le premier de cette distance, ils se sont très bien débrouillés !

Le 46km part le dimanche, le sommet est verglacé, il ne fait pas beau, la pluie menace et il y a du vent, l’organisation nous envoie sur le parcours de substitution. On ne sait pas encore que ce parcours fera 48km et presque 2700D+.

Je me sens en forme le matin, aucun stress, j’ai deux choix qui se présentent : faire une trentaine de km et m’arrêter ou tenter de le finir comme je peux. Le premier choix est bien ancré dans ma tête comme une bouée de secours.

Le départ est donné, au début ça va toujours trop vite, au bout 500m il y a déjà un blessé par terre, le visage en sang. Mais calmez-vous les gars, le chemin est long.  

Je pars à mon rythme pour ces premiers km assez plats. Jusqu’au ravito du 14 ça se passent bien, un petit coucou à Pierre qui me prend en photo tout sourire, je suis plutôt en forme, j’ai mal nulle part et je suis bien en avance par rapport à la barrière horaire !

Je continue à mon rythme, mais plus on monte, plus il commence faire froid. 20ème km 3h30 de course, la fatigue arrive avec ce froid glacial et les bourrasques. Par moment j’ai l’impression que je vais m’envoler. Je commence à me dire que c’est plus raisonnable de m’arrêter, je n’avance pas assez vite pour éviter l’hypothermie. Le chalet Reynard est au 27ème et mes traileurs de AMC doivent être là-bas avec les voitures. J’écris à Marlyse pour savoir si elle peut me récupérer si j’arrête. Elle est bien au chalet Reynard, c’est cool. J’avance au plus vite que je peux avec le vent de face, je ne sens plus mes mains, ni mes joues, j’ai l’impression avoir des engelures.

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Enfin je vois du monde, mon petit groupe de supporteur est là, ils essayent de me remotiver, me proposent des affaires chaudes, de manger un morceau. En ce moment-là, il y a la bataille dans ma tête : arrêter maintenant quand je suis encore en bon état, ou montrer l’exemple de détermination à mes coachés, être forcément mal classé, ou pire rater la barrière horaire, mais être finisheur.  Marlyse me dit, si c’est juste le froid, ça va passer, il va faire meilleur plus bas. Oui c’est vrai, pour l’instant c’est juste le froid qui m’embête, alors je prends les gants de Sylvie et je décide de continuer au moins jusqu’au ravito du 34ème km. Le sentier est sympa, c’est une belle descente roulante, puis une petite montée encore une descente et comme ça pendant 7km. Je n’ai plus froid mais en descentes les douleurs arrivent.  Enfin le ravito, trop bien, il y a la soupe chaude, du jambon, du pain et plein d’autres choses mais il ne faut pas trop s’arrêter, pas se refroidir. On demande combien il reste de km, un des bénévoles nous dit 14 TTC ! Qu’est-ce que je fais, je m’arrête la ? Qui va me ramener ? Non, il ne reste plus que 14, ça va le faire et en avant. Je sais que cette dernière partie est juste interminable, une succession des montées/descentes très épuisantes.  Je commence avoir des douleurs au genou de plus en plus fortes dans les descentes, puis une douleur au pied droit qui apparait, ah non, le releveur de pied qui s’est inflammé, c’est foutu, je ne pourrai plus du tout courir, sauf peut-être les 10 derniers mètres. Km 40..41…42 on arrive quand ??? Enfin la dernière longue descente, je la connais trop bien, elle est très agréable et ludique quand on est en forme, mais très pénible dans mon état. D’ailleurs je n’ai toujours pas sorti les bâtons ?!? alors c’est maintenant, mais la descente n’est pas assez raide pour qu’ils m’aident vraiment. Plein de coureurs me dépassent depuis un moment, eux, ils peuvent encore courir.

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Enfin je suis en bas, les vignes, les maisons ! Marlyse m’appelle, tu es où ? En fait je ne sais plus, il reste 2 km ou plus ? La succession des chemins et du bitume, il faut rentrer, j’essaye de courir, mais la douleur me stoppe net au bout de 50m. Je vois Sylvie, Isa et David, ils sont là pour faire les derniers km avec moi. Leur compagnie m’aide à oublier un peu les douleurs, je retrottine, je marche, je me fais doubler encore et encore, mais la finish line est pour très bientôt. La dernière petite montée, que j’ai tant détesté il y a5 ans quand j’ai visé un chrono et elle m’a fait perdre quelques minutes. Là je suis presque heureuse de la grimper car c’est vraiment la dernière. Allez encore quelques mètres et c’est l’arche d’arrivée ! Les autres finisheurs de mon groupe sont là, GG, Jean-Pierre et Christian, énorme bravo à eux. Les fusées de MTC ont fait des beaux chronos et ils doivent être déjà à Marseille à l’heure que j’arrive.

 Ce qu’il faut retenir de cette nouvelle aventure : même si la motivation et l’envie sont au rendez-vous, il faut savoir bien estimer les capacités de son corps à encaisser les km et le D+. Il faut toujours se poser les questions : pourquoi je fais ça ? Défi personnel ? Dépassement de soi ? Plaisir ? Envie de découverte de nouveaux chemins ? Est-ce que je vais sortir indemne de périple ?

Cette fois je m’en sors pas mal, je n’ai pas du tout de courbatures musculaires (merci le crossfit), juste ce problème de releveur de pied, mais ça va vite passer et les genoux qui tirent un peu.

Mais certainement dans l’avenir je dois revoir mes ambitions à la baisse pour pouvoir durer dans le sport.

Nous ne sommes pas tous fait pour faire des Ultra trails et les marathons et notre corps nous le rappelle quand on n’est pas trop raisonnable.